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Transgênicos - Organismos Geneticamente Modificados


Comportement des consommateurs face au risque : le cas des Organismes génétiquement modifiés
 
Artigo de P. Dumas, copiado de http://pauillac.inria.fr/~maranget/hevea/index.html
 

1   Introduction

En nous plaçant dans le cadre de la controverse sur les risques liés aux aliments contenant des ingrédients issus d'Organismes génétiquement modifiés (OGM), nous tenterons de montrer en quoi le comportement des consommateurs (ou plutôt son anticipation par les industriels) n'est pas forcément décrit de la façon la plus juste en considérant soit que les consommateurs suivent les recommandations des experts, ou encore qu'ils évaluent subjectivement et de façon indépendante les risques, mais que leur perception du risque alimentaire tient plutôt compte du rapport de force politique et médiatique vis-à-vis de ces produits à risque.

 

2   Rappel des faits

Nous allons commencer par rappeler la chronologie des évènements. Tout commence aux Etats-Unis où les premiers essais en champs ont lieu en 1991, en 1994 des OGM sont mis sur le marché, et l'Union Européenne suit en 1995.

Cependant, petit à petit des résistances se font à l'introduction des OGM dans certains pays de l'UE, et en particulier en France. Ainsi, un moratoire de fait est initié en 1999, l'UE n'autorisant plus de nouvelles cultures ou commercialisations. Il est à noter qu'une tentative de prise en compte du public dans l'évaluation scientifique a été tentée en 1998 avec la formation et la consultation d'un panel de citoyens.

Le moratoire a été abandonné en avril 2000, en même temps qu'une obligation d'étiquetage pour les aliments contenant au moins 1% d'OGM dans un ingrédient était mise en place. Depuis que l'obligation d'étiquetage prévaut, les industriels de l'agro-alimentaire se sont arrangés pour qu'il n'y ait plus d'OGM dans leurs aliments. Ce comportement est cohérent avec les résultats d'un sondage récent qui indique que les européens sont de plus en plus défavorables aux OGM, ainsi seuls 38% des européens jugent les OGM moralement acceptables.

 

3   D'où vient la peur des OGM ?

Le cas des OGM semble à première vue être un bon exemple de cas dans lequel les consommateurs ne semblent pas être rationnels au sens qu'ils ne font pas confiance aux experts et n'évaluent pas les risques de façon individuelle :

les consommateurs s'opposent aux experts en terme d'évaluation des risques alors que seuls les experts disposent de l'information nécessaire ; par exemple, pour ce qui concerne les gènes de résistance aux antibiotiques, il y a très peu de probabilité qu'il y ait passage de la résistance aux bactéries du tube digestif, et la plupart des organismes la possède déjà, pourtant ce point éveille l'attention du public.

D'autre part, les consommateurs ne semblent pas apprécier le risque de façon subjective et stable, mais plutôt de façon collective et changeante, même en l'absence de nouvelles données scientifiques.

Nous allons maintenant tenter de donner un sens à ce comportement. En effet, il nous semble que les consommateurs vont bien metter en balance leurs gains en terme d'utilité (baisse des prix et qualité des aliments) et les risques, mais que l'évaluation de ces risques se fait de façon sociale et non individuelle, et sans suivre forcément les avis des experts.

 

3.1   Des raisons pour la méfiance envers les experts

L'évaluation des risques se fait dans le cadre d'une controverse scientifique et institutionnelle, avec d'un côté les industriels et des partis chrétiens démocrates minimisant les risques et de l'autre des écologistes, les maximisant. Dans ce contexte de politisation de l'évaluation, les experts scientifiques devraient être une source d'information et de législation fiable, cependant le public reste méfiant envers eux, et nous allons en donner des raison.

Les scientifiques peuvent en premier lieu être individuellement partie prenante d'une des factions ; lorsque ce n'est pas le cas, il semble qu'ils soient assez systématiquement du côté des optimistes, donc de l'industrie, plusieurs causes pouvant l'expliquer :

  • Ils dépendent beaucoup du financement des firmes pour l'obtention du matériel de laboratoire, l'Etat ne donnant pas assez de fonds.
  • Ils veulent justifier l'utilité de leur occupation en montrant que leurs travaux débouchent sur des résultats concrèts.
  • Les chercheurs ont beaucoup de mal à communiquer leur absence de connaissance dans un certain domaine. Lorsqu'ils doivent s'aventurer où se situent les controverses, ils vont essayer de se ramener à des choses connues mais pas forcément exactement adaptées, ce qui est normal dans un contexte de recherche scientifique mais pas d'évaluation des risques.
  • Enfin, en biologie moléculaire la méthode est réductrice et artificielle par nature, et il est difficile pour les scientifiques de sortir de cette approche avant de faire des recommandations, tandis qu'en écologie les connaissances sont encore très parcellaires.

Au delà de la formation de l'avis des experts, leur mise en application reste problématique, comme on l'a vu dans le cadre des affaires du sang contaminé ou de l'utilisation des farines animales, où la carence venait de l'absence de mise en application des recommandations des experts.

 

3.2   Comportement des consommateurs et risque controversé

Les consommateurs ne pouvant faire confiance à personne, quels peuvent être les critères d'évaluation des risques ? Nous pensons que dans le contexte des OGM, ce sont les rapports de force politiques et médiatiques et la confiance dans les différents acteurs qui sont devenus prépondérants. Ainsi l'opposition à un produit ou son acceptation sociale précèdent et/ou accompagnent fortement la médiatisation des produits et la formation de la perception du risque du public.

Dans ce cadre, c'est l'opposition aux OGM, et par suite une perception du risque élevé qui a eu gain de cause. Pour l'expliquer, on peut s'appuyer sur les éléments de politique suivants : en France les OGM arrivent juste après deux crises majeures, le sang contaminé et la vache folle, sous un gouvernement de gauche. En même temps une mobilisation médiatique autour de la lutte contre la mondialisation se développe, or les OGM apparaissent principalement comme une invention américaine, liée à la firme Monsanto. Enfin les promoteurs de la technologie innovante, les industriels, de par leur position institutionnelle de recherche du profit n'apparaissent que peu dignes de confiance pour ce qui concerne la gestion des risques.

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4   Conclusion

Ainsi, il nous semble qu'avant d'accepter des technologies nouvelles les autorités devraient prendre en compte la controverse scientifique et les réactions possibles du public induites par les média et la situation politique. Faute de ceci, on se retrouve aujourd'hui avec des coûts, pour les industriels et pour l'administration, de contrôle et de traçabilité pour un bénéfice nul puisque les consommateurs ne veulent pas d'OGM dans leur alimentation. Une approche prévoyant ce rejet possible et ménageant plusieurs possibilitées aurait pu être mise en place plus tôt, alors que dans un premier temps seul le leadership technologique était un enjeu.

Enfin, pour résoudre ces problèmes, la tentative visant à associer les citoyens à la prise de décision pourraient aider à dépasser la crise de confiance envers les experts, et permettre la prise en compte de la rationalité particulière du public en vue de légiférer sur l'introduction, ou même le maintien de technologies aux effets controversés

 

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